Le Château Delphinal

RAPPEL : LA GUERRE DELPHINO-SAVOYARDE 1282 – 1355 À L’ORIGINE DE CETTE CONSTRUCTION

 ‘’La famille’’, par les héritages, les mariages et les donations,  prime sur la nationalité ou la territorialité. Les provinces sont morcelées.

Des territoires comme le Faucigny, en Savoie, s’enchevêtrent, appartenant au Dauphiné alors que la Côte-Saint-André et Voiron, par exemple, sont à la Savoie. Les batailles s’enchainent.

Pour se protéger, sont construits ou  remis en œuvre de nombreux châteaux, maisons fortes, forteresses, fortifications des villes et villages.

LE CHÂTEAU DELPHINAL DE SAINT-ÉTIENNE-DE-SAINT-GEOIRS

1314-1315 :
le Dauphin Jean II (1280-1319) transfère le siège de son mandement de Saint-Geoirs  à notre  village, Saint-Etienne de…. ….Saint-Geoirs.

Sur la hauteur dominant la plaine de Bièvre assez marécageuse, il y fait construire une demeure seigneuriale et château-fort pour résister aux assauts du comte de Savoie sur l’emplacement d’un ancien fortin du XIIIème siècle.

01 octobre 1314 :
bien que Dauphin du Viennois, Jean II ne peut s’ériger en maître sur ce mandement qui n’est pas sa propriété foncière. Aussi, signe-t-il un contrat d’échanges de territoires avec Aymard, baron de Bressieux puis en 1315, avec Pierre du Muranais et enfin le 18 février 1315 avec Lantelme de Saint-Geoirs. Il signe, en même temps une charte des libertés pour encourager l’installation de nouveaux habitants en leurs octroyant des droits d’usage.

Vers 1340 :
Humbert (1312-1355), fils et successeur de Jean II, poursuit l’œuvre de son père avec, au pied du château, l’édification de notre village entouré de remparts.

1341 :
Humbert II établit un marché de grains et de bestiaux et octroie les armoiries au mandement.

12 juin 1366 à 1534 :
17 visites d’entretien et inventaires du château  sont réalisées par des maîtres d’œuvre.

14 mars 1485 :
constat de Pierre Fornier :
La grande salle est toute détruite et il pleut partout, là où se tenaient les assemblées de la communauté.

22 septembre 1488 :
Les quatre tours sont encore en état.

1534 :
Dernière visite, le château ne peut plus être utilisé.

Le châtelain représente le Dauphin
Il a la charge de la garde dont il lève les hommes d’armes. Il entretient le château et organise sa défense. Il peut aussi avoir des attributions judiciaires et administratives sur l’ensemble du mandement, Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, Saint-Geoirs, Plan, Quincieu et Saint-Michel-de-Saint-Geoirs.

Les premiers châtelains sont souvent
des hommes de guerre, grands seigneurs ou de petite noblesse qui recherchent ces emplois lucratifs qu’ils transforment en offices  inféodant des familles sur plusieurs générations.

À compter du XVIIIème siècle,
cette fonction devient plus modeste. Elle est confiée à des bourgeois, roturiers, procureurs, notaires qui deviennent de simples présidents d’assemblées de communautés où ils représentent l’autorité du seigneur.

Du 23 avril 1343 au 30 mars 1349,
par différents traités, de Vincennes à Romans, le ‘’transport’’ du Dauphiné au royaume de France est acté avec le statut d’une relative autonomie qui sera conservée jusqu’à la Révolution. Le prince de sang du roi de France portera désormais le titre de Dauphin. Le 1er à porter ce titre est Charles V (1338-1380).

Du 21 octobre 1444 à 1534,
le mandement est vendu quatorze fois de Thomas Lescuyer à Pierre François de la Porte. Il est parfois privé, parfois appartient au domaine royal.
Ainsi, en 1520, le lieutenant général du Dauphiné, Pierre Terrail de Bayard l’achète au nom du roi François 1er.
Notons l’acquisition par Mme la Marquise de Sassenage en 1750 pour un montant de 28 000 livres soit 440 000 euros. Sa rente annuelle s’élève à la somme de 2200 livres soit 35 000 euros environ – sans compter la plus value, il lui aura fallu une douzaine d’années pour un retour sur investissement !

Entre 1534 et 1548,
Le château est irrémédiablement abandonné. Ses pierres sont en partie récupérées pour la construction de la maison dite Mandrin qui pourra accueillir l’assemblée du peuple (parcours – étape N° 12).

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Poursuivant votre parcours, derrière le mur d’enceinte, vous découvrirez le château de Fassion après être passé devant le ‘’couvent’’ (étapes 6 et 5).

Pour  rejoindre ces deux prochains points vous allez emprunter le chemin des Ayes  – Ayes vient du latin aqua pour zone humide, fontaine, sources etc…

Des Ayes, fluaient plusieurs sources alimentant les fontaines du village dont une, dite Médecin puis Roivolery.

Cette dernière, alimentait le château delphinal – un puit de 17 m de profondeur y a d’ailleurs été excavé.

Les sources comme les terres étaient alors vendues et le droit d’eau très règlementé.

Ainsi, la source Médecin avait été cédée à divers propriétaires ainsi que la Combe du Rivail, affectée, jadis, à des étangs alimentés par ces eaux et transformés depuis longtemps en prairie.

Rivail est alors s’écrit avec un i qui relierait son nom à Aymard du Rivail, juriste né à saint-Marcellin en 1491 et non à Rival (riverain) pour le nom d’un autre quartier. La question n’est pas tranchée !

Le quartier des Ayes (aqua-eau) porte donc bien sa dénomination.

Pour rejoindre le site où se tenait le château peut-être avez-vous gravi le petit passage empierré qui relie la rue Étienne Chenavas au Chemin de la Grande Glissière.  La tradition orale le dénomme trésine d’abondance.

Si vous visitez Saint-Antoine-de-l’Abbaye, treize ruelles sont faites de pierres – on les appelle des goulets et les cailloux roulés apparents ont pour but de ralentir l’abondance  de l’eau lors des grosses pluies, ralentissant ainsi son débit.

Le nom Chenavas dont la famille nous a donné deux maires et un député (Octave) prend un Z. Octave s’était ‘’battu’’ pour faire revenir cette lettre à la fin de son nom d’où une orthographe pas toujours reproduite exactement.

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Préserver l’histoire de notre village est un enjeu collectif  pour les générations à venir. Aussi, ce document, peut, à tout moment évoluer,  être corrigé, amendé. N’hésitez pas à partager vos connaissances et/ou vos observations.